Les systèmes d’alarme doivent être certifiés pour valider un niveau de fiabilité et de résistance
CE, NFA2P, EN50131, PD6662, INCERT, SSF, APSAD, etc… mais ça veut dire quoi et surtout, à quoi ça sert ?
Certification européenne CE
Commençons par la certification CE. Les alarmes anti-intrusion doivent être conformes à des directives communautaires européennes pour pouvoir être vendues en France et en Europe. Le marquage CE est donc requis, mais il ne garantit pas la performance du système d’alarme. Son but est simplement de s’assurer d’une immunité minimale contre les perturbations électromagnétiques1 et d’une sécurité électrique2 minimale, permettant ainsi la libre circulation de l’alarme au sein de l’Union Européenne. Il est important de noter que le marquage « CE » est une attestation de conformité obligatoire. Pour en savoir davantage, je vous invite à visiter ce site.
La norme européenne EN 50131
Pourquoi une norme ?
La norme EN50131 est une norme européenne qui fixe les exigences et recommandations pour les systèmes d’alarme de sécurité dans les bâtiments résidentiels et commerciaux. Voici quelques raisons pour lesquelles choisir son alarme normée a du sens :
- Exigences fonctionnelles (traitement, indication, notification, etc),
- Fiabilité (performance de détection, fraude, etc),
- Alimentation (protection, ondulation, charge, décharge, etc),
- Résistance aux intempéries (classe d’environnement, variation de température, etc),
- Résistance à la fraude mécanique (ouverture, arrachement, masquage, etc),
- Immunité à l’atténuation (collisions, substitutions, interférences, etc),
- La liste est encore longue…
Bien sûr, en tant que consommateurs, vous n’êtes pas contraints d’acheter une alarme certifiée EN 50131 mais sachez que cette norme cadre le fonctionnel d’un système d’alarme garantissant un niveau élevé de sécurité, ainsi qu’une qualité et une fiabilité irréprochables pour votre équipement ! La liste des systèmes non certifiés et ayant un comportement anormal/illogique est longue : Ring, Qiara, Somfy, etc…
Le concept des grades : 1 à 4
Le concept de niveau de sécurité est l’un des éléments essentiels des exigences de la norme EN 50131. Il est nécessaire de choisir le niveau approprié du système en fonction de divers facteurs pour chaque installation. Le niveau EN est déterminé en tenant compte du type d’intrus potentiel et de l’effort qu’il serait prêt à déployer lors d’une tentative de cambriolage.
- Grade 1 : le risque de vol est faible. La propriété ne semble pas attirer les intrus et l’on suppose qu’un voleur sera plutôt opportuniste et ne préparera pas son action à l’avance. On considère que l’intrus se contentera probablement de forcer une porte.
- Grade 2 : le risque de vol est légèrement plus élevé. Ces biens peuvent attirer l’attention d’un voleur expérimenté, qui pourrait avoir des connaissances sur les systèmes d’alarme et même disposer d’outils lui permettant de les neutraliser facilement. Le voleur est susceptible de vérifier si le bâtiment est facilement accessible par les portes, les fenêtres et autres ouvertures.
- Grade 3 : le risque de vol est considérable. Il est probable que ce bien soit cambriolé et contienne des objets de grande valeur. Un intrus peut accéder à ce bien en passant par les portes, les fenêtres ou d’autres ouvertures. Il est possible que le voleur ait une grande expérience des systèmes d’alarme anti-intrusion et dispose d’outils et d’équipements pour les contourner.
- Grade 4 : le risque de vol est très élevé. Les intrus peuvent être prêts à planifier leur intrusion en amont, ayant les compétences et les outils nécessaires pour contourner certaines fonctionnalités du système d’alarme anti-intrusion afin d’éviter toute détection. Il est envisagé que l’intrus puisse entrer dans le bâtiment en passant à travers les planchers, les murs et les plafonds.
Les documents applicables
La norme se décompose en plusieurs exigences. Ces exigences sont applicables en fonction du matériel à certifier. Par exemple pour une sirène extérieure, les parties 4 et 5-3 s’appliquent car liées au dispositif d’avertissement et et à la radio (si la sirène n’est pas filaire).
Chapitre | Rôle |
---|---|
EN50131-1 | Exigences système |
EN50131-2-2 | Exigences pour détecteurs infrarouges passifs |
EN50131-2-3 | Exigences pour détecteurs à hyperfréquences |
EN50131-2-4 | Exigences pour détecteurs combinés infrarouges passifs et à hyperfréquences |
EN50131-2-5 | Exigences pour détecteurs combinés infrarouges passifs et ultrasoniques |
EN50131-2-6 | Exigences pour contacts magnétiques |
EN50131-2-7 | Détecteurs d’intrusion – Détecteurs bris de glace |
EN50131-3 | Equipement de contrôle et de signalisation |
EN50131-4 | Dispositifs d’avertissement |
EN50131-5-3 | Exigences pour les équipements d’interconnexion utilisant des techniques radio |
EN50131-6 | Alimentation |
EN50131-7 | Guide d’application |
EN50131-8 | Générateurs de fumée |
Du grade à la pratique
Il est naturel de se poser la question suivante : « Eh du coup, moi, quel est le grade utile et nécessaire pour protéger correctement ma maison ? « .
Vous l’avez compris je pense, plus le grade est élevé plus la protection est importante. De façon pratique et simplifiée, voici une liste non exhaustive d’exemple qui précise l’impact des grades pour un système d’alarme. Mais attention, il arrive parfois que des systèmes ont certains critères au dessus de leur grade : lisez la suite, vous allez comprendre si vous avez regardé mes vidéos !
Source d’alimentation
Cet exemple est assez essentiel surtout lorsqu’il s’agit de la centrale, en effet en fonction du grade, l’autonomie en cas de coupure secteur sera différente comme précisée ci-dessous :
Grade 1 et 2 | Grade 3 et 4 | |
---|---|---|
Durée | 0.51 jours | 2.51 jours |
Le constat montre pour ce première exemple le facteur 5 en autonomie entre un grade 2 et un grade 3. Pour information, les temps peuvent être réduits de moitié pour les grades 3 et 4 si les événements de l’alarme sont notifiés à un centre de réception d’alarmes.
Autoprotection
Comme précisé sur la page Comment fonctionne un système d’alarme ?, tous les éléments d’un système d’alarme sont équipés d’autoprotection qui permettent de détecter par exemple : l’ouverture d’un boitier, arrachement d’un boitier, etc. Le tableau ci-dessous précise la différence entre un grade 2 et un grade 3.
Fraude à détecter | Grade 2 | Grade 3 |
---|---|---|
Ouverture | Obligatoire | Obligatoire |
Arrachement | Obligatoire en radio Facultatif en filaire | Obligatoire Obligatoire |
Masquage | Facultatif | Obligatoire |
Ce tableau précise par exemple qu’un système certifié grade 2 doit être protégé contre l’arrachement des boitiers si les éléments sont radio, et c’est une option en filaire. Autre précision le masquage n’est obligatoire qu’à partir du grade 3.
Liaison – communication périodique
Passons maintenant aux liaisons ou communications entre la centrale et les périphériques. Dans un premier temps, sachez qu’une perte de communication entre un périphérique et la centrale est gérée en défaut pour tous les grades. L’impact du grade dans ce cas précis est assez significatif comme le présente le tableau ci-dessous :
Grade 1 | Grade 2 | Grade 3 | Grade 4 | |
---|---|---|---|---|
Intervalle maximum d’échange de message entre centrale/périphérique | 241 minutes | 121 minutes | 1.7 minutes | 0.17 minutes |
Mais attention ! il faut bien comprendre qu’il s’agit d’un intervalle maximum, en revanche, rien n’empêche le fabricant de faire mieux ! Prenons un exemple concret avec le système d’alarme Ajax3 qui propose une configuration personnalisée avec un intervalle de ping jusqu’à 36 secondes (au détriment des piles).
Liaison – interférences radio
Lorsque le système d’alarme utilise un protocole radio entre les périphériques et la centrale, la norme impose une vérification du niveau de bruit qui se décompose comme décrit ci-dessous :
- Durée de perturbation pendant un laps de temps,
- Niveau de perturbation pendant un laps de temps.
La durée de perturbation en fonction des grades est la suivante :
Durée d’interférences | |
---|---|
Grade 1 et 2 | <31 secondes par période de 60s |
Grade 3 et 4 | <11 secondes par période de 20 s |
Concernant le niveau de perturbation en fonction des grades, il s’agit d’un seuil à atteindre par rapport à une référence :
Niveau d’interférences | |
---|---|
Grade 2 | Réf + 30,1dB |
Grade 3 | Réf + 9,1dB |
Réf : signal normal, puissance/spectre maitrisé.
L’applicabilité aux matériels4 (centrale, sirène, etc) concernant cette mesure de ces interférences côté récepteur est gérée de la façon suivante :
Centrale | Sirène | |
---|---|---|
Grade 2 | Obligatoire | Facultatif |
Grade 3 | Obligatoire | Obligatoire |
Ensuite, la gestion de ces interférences est à la guise du fabricant :
- Grade 2 : défaut ou autosurveillance,
- Grade 3 : autosurveillance.
La réaction du système ne sera alors pas identique concernant la réaction des sirènes. Un défaut n’autorise pas à faire sonner les sirènes tandis qu’une autosurveillance l’autorise.
Sirène
Concernant les sirènes intérieures ou extérieures, voici par exemple les points qui diffèrent entres les grades.
- Type de boitier (plastique, métal),
- Résistance aux impacts (objet fin, épais, léger, lourd, etc),
- etc
Un point commun quelque soit le grade concerne le niveau acoustique des sirènes comme le montre le tableau ci-dessous :
Sirène intérieure | Sirène extérieure | |
---|---|---|
Niveau acoustique | >79 dB(A) | > 99 dB(A) |
La modulation de fréquence n’est pas spécifiée, elle est fonction du pays, sachez tout de même que l’oreille humaine est sensible aux fréquences entre 1.4 kHz et 5 kHz, pour plus de détails, rendez-vous sur la page La sirène.
Et le reste
Évidemment, chaque détecteur (ouverture, mouvement, etc.) a en face un document d’exigence (EN50131-N°) qui précise énormément de critères de fonctionnement qui sont à considérer en phase de conception. Je vous ai listé précédemment quelques exemples pour vous expliquer la philosophie et surtout l’intérêt d’acheter et donc d’utiliser un système d’alarme normé. Voici quelques critères qui sont considérés (en phase de conception) par les fabricants pour obtenir la norme EN50131 pour un détecteur de mouvement :
Considération de design (non exhaustive) | Grade 2 | Grade 3 |
---|---|---|
Interférence magnétique | Facultatif | Obligatoire |
Performance en déplacement intermittent | Facultatif | Obligatoire |
Performance de position | Debout | Accroupie Rampante |
A ce moment là, vous vous demandez certainement la différence entre la norme européenne EN50131 et la Française NF&FA2P. Pour y répondre passons au chapitre NF&A2P.
La marque NFA2P
C’est quoi cette marque ?
La marque NFA2P est une fusion entre la marque NF de l’AFNOR5 et la marque A2P du CNPP6. Il s’agit d’une marque qui cible uniquement la France. La marque NFA2P utilise le référentiel NF324-H58 qui permet de définir les exigences (NF/EN 50131) applicables ainsi que des documents spécifiques A2P (RT7, RTC8) qui classent le niveau de sécurité en bouclier, comme précisé dans le chapitre suivant.
Pour information
Il est tout à fait possible de certifier via la marque NFA2P un système en considérant Norme Française (NF) ou Norme Européenne (EN + RTC) ou Spécification Européenne (TS9+ RT)
Le concept de bouclier
La marque NFA2P classe en 3 boucliers le niveau de sécurité comme précisé ci-dessous :
- 1 bouclier : protection pour les espaces et résidences peu attractifs, dénués d’objets de valeur et peu accessibles (comme un appartement en étage),
- 2 boucliers : protection pour les petites entreprises ou les domiciles facilement accessibles qui contiennent des biens précieux (maison individuelle, appartement au rez-de-chaussée),
- 3 boucliers : protection renforcée pour les bâtiments abritant des biens de grande valeur tels que bijouteries, commerces ou sites industriels.
Les documents applicables
La documentation applicable demandée par la marque NFA2P dépend de l’élément à certifier (centrale, sirène, détecteur, etc) ainsi que du type de norme (France, Europe) ou spécification (TS) mais également des documents techniques (RT, RTC) comme présenté sur la figure ci-dessous :
L’optimum, si l’on peut appeler ça comme ça, étant la dernière option 2 Boucliers GRADE 2 (Normes Européennes EN) + RTC, voici comment cette information est disponible à la lecture du document de certification, par exemple ici, une sirène extérieure Diagral.
Du grade à la pratique
Il existe des écarts de fonctionnement entre un système EN50131 (seul) et un système NFA2P (EN/NF/TS +RT/RTC), en voici une liste non exhaustive :
- Les autoprotections,
- La mécanique,
- La supervision,
- L’autonomie,
- Les évènements,
- La programmation.
A cela s’ajoute des éléments orientés fabrication : un suivi et un contrôle permanent des unités de production par les certificateurs, etc.
Les normes NF & EN EN50131 sont ouvertes, la marque NFA2P impose et cadre le fonctionnement et les réponses attendues.
Initialement pensé pour et par les professionnels, obtenir (sur demande du fabricant) le marquage NFA2P est assez laborieux comme précisé ci-dessous :
- Les exigences techniques imposées sont particulièrement rigoureuses,
- Le processus administratif associé peut, à première vue, sembler décourageant,
- Le coût 10 élevé est parfois difficile à amortir.
L’AFNOR et le CNPP certifient aussi les télésurveilleurs. Je vous explique tout dans la suite de cet article mais avant, petit tour rapide concernant les autres pays.
Et les autres pays ?
Vous l’avez remarqué je pense, il existe une couche supplémentaire propre à chaque pays concernant la norme EN50131. En voici quelques exemples :
- France : NFA2P,
- Angleterre : PD6662,
- Belgique : INCERT,
- Suède : SSF,
- Etc.
APSAD, télésurveilleur ?
L’APSAD11 est également délivrée par le CNPP en collaboration avec l’AFNOR. L’APSAD est une organisation regroupant les compagnies d’assurance spécialisées dans les risques incendie, divers et accidents liés aux établissements industriels et commerciaux. Elle est chargée de concevoir, d’élaborer et d’exploiter des statistiques permettant de fixer les conditions de tarification des assurances appliquées par les membres de la Fédération Française de l’Assurance.
Le référentiel APSAD R31
Le référentiel de l’APSAD R31 s’applique à la télésurveillance, offrant un cadre pour guider les utilisateurs, prescripteurs et installateurs dans la mise en œuvre de projets de télésurveillance. Il établit les exigences techniques à respecter pour les stations de télésurveillance. Ce référentiel propose trois niveaux de certification des centres de télésurveillance : P2, P3 et P5.
Le niveau P3 de la certification APSAD stipule qu’il est nécessaire d’avoir au moins deux opérateurs de télésurveillance présents dans le centre de contrôle. Bien que la certification APSAD P3 ne soit pas une obligation légale, les assureurs, qui assument le risque en cas de sinistre, exigent généralement que les systèmes de sécurité installés soient certifiés APSAD P3.
P2 | P3 | P5 | |
---|---|---|---|
1 opérateur | Oui | Oui | Oui |
2 opérateurs | Non | Oui | Oui |
3 opérateurs | Non | Non | Oui |
Risque courant | Oui | Oui | Oui |
Risque lourd | Non | Oui | Oui |
Risque très lourd | Non | Non | Oui |
- Cela signifie que le produit ne sera pas affecté négativement par les rayonnements électromagnétiques provenant d’autres appareils et qu’il continuera à fonctionner correctement. ↩︎
- Cela signifie que le produit doit être construit et conçu de manière à éviter tout risque d’électrocution ou de choc électrique pour l’utilisateur. Cela peut inclure des éléments tels que des dispositifs de sécurité intégrés, des isolations appropriées et des matériaux résistants à la chaleur et à l’électricité. ↩︎
- Tous les HUBs Ajax présentent une interrogation périodique réglable du canal Jeweller. ↩︎
- La mesure d’interférences ne s’applique pas aux éléments portatifs (télécommande, bouton panique, etc). ↩︎
- Association française de normalisation : https://www.afnor.org. ↩︎
- Centre National de Prévention et de Protection. https://www.cnpp.com. ↩︎
- Référentiels techniques applicables à la marque NFA2P. ↩︎
- Référentiels Techniques Complémentaires applicables à la marque NFA2P. ↩︎
- La “TS” est une “Spécification Technique”, apte à démontrer la valeur d’un projet, alors que “EN” a le status (plus élevé) de “Norme Européenne”. ↩︎
- Dans les coûts, on y associe : frais d’administration, frais d’audit, frais essais, redevance. ↩︎
- Assemblée Plénière des Sociétés d’Assurance Dommage. ↩︎